Qu’entend-on exactement par « architecture Art déco » ?

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Parvenir à définir de ce qu’on désigne par Art déco est un défi en soi, car il n’existe pas de définition exacte ni monolithique de ce terme, d’ailleurs apparu seulement dans les années 1970 sous influence anglo-saxonne.

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On s’accorde sur le fait que le style Art déco est attaché à la production des artistes-décorateurs français, présentée à l’exposition des Arts décoratifs et industriels modernes tenue à Paris en 1925. On s’accorde aussi sur le fait que le style Art déco est loin de s’y limiter… sans toutefois être précisément capable d’établir ces limites, ni en terme de chronologie (variant selon les pays), ni en terme de contenu (variant selon les auteurs).

Même les objectifs poursuivis par les artistes sont très ambigus : beaucoup voulaient faire « du moderne », tout en étant farouchement opposés au modernisme, J.-É. Ruhlmann (1879-1933) affirmant lui-même : « Contemporain, oui! Moderne, non! ».

La complexité de l’art déco s’explique aussi par la multiplicité de ses sources d’inspiration, parfois contradictoires en apparence (tradition/cubisme, aérodynamisme, mode, arts étrangers), enrichie par les contrastes de couleurs et de textures (variété des techniques et des matériaux) qu’il affectionne.

Ceci n’est qu’un bref aperçu de ces problématiques, qui sont éclairées par une abondante littérature ; notre propos n’est pas là.

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Au départ phénomène parisien destiné à une clientèle d’élite, l’Art déco a très vite gagné le monde entier, grâce au retentissement de l’exposition parisienne de 1925, mais aussi au rayonnement assuré notamment par les grands magasins (parisiens, new-yorkais, canadiens), et par les paquebots de la Compagnie générale Transatlantique (paquebots Ile-de-France et Normandie, véritables vitrines flottantes du savoir-faire des décorateurs français). Style décoratif par essence, l’Art déco a marqué aussi la production architecturale, certainement plus à l’étranger (en Amérique du Nord en particulier) qu’en France même.

 

Définir les caractéristiques visuelles principales de l’architecture Art déco n’est pas simple à cause de la richesse des références esthétiques (cf. Caractéristiques), mais soulignons toutefois les éléments suivants : l’épuration des lignes et la géométrisation des formes, parfois appelée « cristallisation géométrique », avec dominantes verticales (accentuées par ressauts* successifs créant des plans multiples*); la schématisation des dessins et des reliefs* (bas-reliefs*) qui sont intimement liés à la structure (et non pas rapportés); la juxtaposition de matériaux et de textures contrastants. Ces éléments introduisent une dimension d’innovation, par l’abandon délibéré du langage des ordres classiques*, de la sculpture en ronde-bosse* comme décor, ou encore de l’affirmation visuelle des étagements et des toitures.

Mais contrairement aux tendances modernes les plus radicales de l’époque, matérialisées par exemple sous l’égide de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) par le projet de la Cité de Weißenhof (1927) près de Stuttgart en Allemagne, le choix des formes Art déco n’implique pas de rupture totale avec la tradition académique architecturale, ni dans la forme générale des bâtiments, ni dans les plans, ni dans les compositions qui conservent les principes d’ordonnance et de symétrie.

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L’Art déco permet aux architectes de se distinguer du passé, sans toutefois s’en affranchir totalement. C’est sans doute ce compromis qui a rendu l’Art déco si populaire à Montréal en particulier.

 

Qu’en est-il à Montréal?

 

Le style Art déco est très bien représenté dans l’architecture à Montréal, sur un large territoire, avec des nuances toutefois (cf. Caractéristiques)

La particularité: le bâti Art déco prend des formes très variées qui peuvent dérouter le non-initié. Cette variété est intrinsèque à l’Art déco lui-même on l’a mentionné, et elle s’explique aussi par la propension de l’Art déco à se nourrir des traditions locales des pays où il s’est développé.

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Ainsi à Montréal, pour qui s’en fait l’observateur attentif, l’architecture Art déco traduit très bien le contexte culturel proprement québécois dans lequel elle s’est épanouie.

 

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